Lors de sa visite au Moyen-Orient, l’ancien président américain Donald Trump a signé des accords commerciaux colossaux : 600 milliards de dollars avec l’Arabie Saoudite, et 1 200 milliards avec le Qatar. Ces chiffres vertigineux témoignent du poids économique de ces pays du Golfe et de leur capacité à nouer des partenariats stratégiques à l’échelle mondiale.
Mais au-delà des chiffres, ces accords nous invitent à une réflexion plus profonde: quelles sont les priorités d’investissement de ces puissances selon les régions du monde?
En Afrique, les investissements saoudiens sont majoritairement orientés vers :
– L’organisation de concours de mémorisation du Coran.
– la construction de mosquées par centaines;
– des bourses pour former des imams ou muezzins,
– et même de manière symbolique, la distribution de cargaisons de denrées comme les dattes pendant les fêtes religieuses, chaque année …
Si ces initiatives ont leur importance sur le plan spirituel, une question cruciale se pose:
Pourquoi ces mêmes pays investissent-ils autrement ailleurs ?
Ailleurs, pourtant, l’Arabie Saoudite investit dans des secteurs hautement stratégiques :
– Armement de pointe;
– La santé de haute technologie ;
– Technologies de l’information et de la communication;
– Intelligence artificielle;
– Énergies renouvelables (L’énergie verte);
– Infrastructures modernes (Les infrastructures industrielles) …
Cette différence de traitement, aussi bien dans la nature des investissements que dans leur ambition, soulève une question essentielle :
ne sommes-nous pas en partie responsables de la manière dont on nous perçoit et nous soutient ?
Un adage dit : « Les peuples récoltent ce qu’ils sèment. » Si nous valorisons exclusivement le religieux au détriment du scientifique, de l’industriel et de l’éducatif, il est logique que nos partenaires adaptent leurs offres à nos attentes perçues.
Ce n’est pas une remise en cause de la foi ou de la tradition. Bien au contraire. Mais la foi ne doit pas être un frein au progrès ; elle peut et doit être un levier vers un développement holistique. Il est temps pour nous, Africains, de définir nous-mêmes nos priorités : l’éducation, la santé, l’innovation, l’industrie… tout en préservant nos valeurs spirituelles.
L’enjeu est clair : si nous voulons des usines, des laboratoires, des universités modernes, nous devons d’abord les rêver, puis les exiger. Et surtout, les bâtir nous-mêmes lorsque c’est nécessaire.
Il est difficile de ne pas se poser des questions, tant les interrogations sont nombreuses:
À quand une Afrique qui demande des laboratoires au lieu de minarets, des usines au lieu de prêches, et des brevets au lieu de bourses pour apprendre à réciter ?
Est-ce une Fraternité à deux vitesses : ce que le Golfe donne à l’Afrique …et ce qu’il lui refuse!
Sommes-nous des Frères en Islam, mais pas en investissements?
À la fin, l’Afrique prie pendant que le reste du monde produit. Quel Islam pour demain ?
Eh Bien on ne construit pas une usine pour un peuple qui ne demande qu’une mosquée. Mais on oublie que l’Islam est aussi science, commerce, et justice sociale. Investir dans les âmes, oui. Mais dans les mains et les cerveaux aussi.
L’Afrique est un continent riche de spiritualité, profondément enraciné dans la foi islamique. Des millions de fidèles y prient chaque jour, éduquent leurs enfants dans le respect des valeurs du Coran, et aspirent à une vie guidée par l’éthique musulmane. C’est donc naturellement que de nombreux pays du Golfe, au nom de la solidarité islamique, investissent en Afrique.
Mais de quel type d’investissements s’agit-il?
Alors pourquoi ce double standard?
L’Afrique ne mérite-t-elle pas, elle aussi, des usines de fabrication, des centres de recherche, des écoles modernes et des hôpitaux bien équipés ?
L’Islam, religion de savoir, de commerce et d’équilibre, n’a jamais interdit l’investissement économique. Au contraire, les enseignements prophétiques valorisent le travail, la science, la maîtrise des outils de son époque. Le Prophète Muhammad (PSL) a vécu en commerçant, en bâtisseur de communauté, en homme de progrès et d’organisation sociale. Le califat bien guidé qui lui a succédé a su bâtir des villes, développer des techniques d’irrigation, promouvoir les mathématiques, la médecine et la philosophie.
Pourquoi donc aujourd’hui limiter l’Afrique à une vision strictement cultuelle de l’Islam, alors que le reste du monde musulman progresse grâce à l’investissement stratégique ?
Nous ne rejetons ni les mosquées, une fois de plus, ni les concours coraniques, encore moins les dons de dattes. Mais, nous appelons nos frères du Golfe à faire preuve de justice dans leurs priorités envers l’Afrique. Car un peuple qui prie a aussi besoin de manger dignement, de se soigner, de s’instruire, de travailler, et d’innover.
Construire une usine n’annule pas une prière. Financer un centre de formation professionnelle n’efface pas une sourate. Ouvrir un laboratoire scientifique ne ferme pas les portes du paradis.
En Islam, le juste milieu est une vertu. L’Afrique mérite un soutien spirituel et économique. À nous tous de faire en sorte que cette fraternité islamique soit aussi une fraternité de progrès.
Just Saying!
Ndiawar Diop
www.ndiawardiop.com