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« Les Coulisses des Révolutions Politiques en Afrique : Jeu d’Équilibre entre les Puissances Occidentales et les Aspirations Populaires. » Par Ndiawar Diop

L’Afrique a toujours été le théâtre de bouleversements politiques, de révolutions et de coups d’État. Ces événements dramatiques, souvent perçus comme des luttes pour la démocratie et l’indépendance, se cachent parfois derrière un jeu complexe d’intérêts géopolitiques impliquant des puissances occidentales, dont la France, et les aspirations du peuple africain.

L’Afrique, riche en ressources naturelles, est depuis longtemps au centre de l’attention des grandes puissances mondiales. La France, ancienne puissance coloniale, conserve des liens étroits avec de nombreux pays africains, favorisant ainsi son influence dans la région. Dans le passé, la France n’a pas hésité à intervenir militairement en cas de crise politique ou de coup d’État.

Le 30 août dernier, un coup d’État s’est produit au Gabon, aboutissant à la destitution du président Ali Bongo. Cette situation a été suivie de près par la communauté internationale et la France sans aucune réaction. Pourtant en 1964, la France avait militairement rétabli un président gabonais victime d’un coup d’État. À cette époque, Paris avait justifié son intervention en invoquant les accords de défense conclus en 1960 avec plusieurs pays africains. Ces accords ont permis à la France d’intervenir militairement en cas de crise dans ses anciennes colonies.

Si l’on se penche en profondeur sur le récent coup d’État au Gabon et que l’on explore la réaction de la France (ancienne puissance coloniale), face à cet événement, tout en la comparant à d’autres situations similaires en Afrique, l’on se rend compte du double jeu de la politique française vis-à-vis de ses anciennes colonies africaines et de ses éventuels intérêts géopolitiques.

Cependant, au fil du temps, la France a ajusté sa politique africaine. Le nouveau discours diplomatique met davantage l’accent sur le respect de la souveraineté des États africains. Paris affirme désormais qu’il se limite à condamner les coups d’État, sans s’ingérer dans les affaires internes des pays. Ce changement de posture peut sembler contradictoire, car il diffère des interventions passées.

Malgré la nouvelle donne géopolitique, la France s’est jetée dans un mutisme dérangeant face au coup d’État qui s’est produit au Gabon; ce qui soulève des interrogations quant à la cohérence de cette nouvelle approche. Il remet en question la constance de la France en matière de politique africaine et l’on peut citer l’exemple du Niger, où la France a rapidement condamné le coup d’État militaire et a soutenu des initiatives de la CEDEAO.

Parallèlement à cette évolution, les aspirations démocratiques des populations africaines n’ont cessé de croître. Les citoyens exigent des élections libres et équitables, ainsi que la fin des régimes autoritaires. Ces mouvements populaires, souvent alimentés par des inégalités économiques et sociales, remettent en question la stabilité politique de certains pays.

Le dilemme réside dans la manière dont les puissances occidentales, y compris la France, gèrent ces bouleversements politiques. D’un côté, elles cherchent à maintenir des relations stables et économiquement bénéfiques avec les gouvernements en place, qui parfois ne respectent pas pleinement les droits de l’homme et la démocratie. De l’autre, elles veulent éviter de paraître autoritaires en intervenant de manière directe.

Les conséquences de cette approche ambivalente sont complexes. Les populations africaines perçoivent souvent ces puissances étrangères comme complices de régimes corrompus et antidémocratiques. Cela peut contribuer à légitimer les coups d’État, car les aspirations populaires pour la démocratie sont parfois mal comprises ou mal interprétées par les acteurs internationaux.

Les révolutions politiques en Afrique sont le reflet d’une réalité complexe et en constante évolution. Les puissances occidentales, dont la France, doivent naviguer avec précaution sur cet échiquier géopolitique en soutenant les aspirations populaires pour la démocratie tout en respectant la souveraineté nationale. Le succès de cette équation délicate aura un impact significatif sur le futur politique de l’Afrique et sur les relations entre l’Occident et le continent africain.

Par Ndiawar Diop

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